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La Doloire Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°16 - fév 2010
ETIENNE DOLET A l’I.U.F.M. DE LYON
L’année 2009 s’est achevée avec l’inauguration, le 14 décembre 2009, de l’ « Espace Etienne Dolet », médiathèque de l’I.U.F.M., rue Anselme, sur les terrains de l’ancienne et regrettée Ecole Normale de Garçons.
M. Régis Bernard, Directeur de l’IUFM de l’académie de Lyon à qui nous demandions, Edmond Fanjat, président des Anciens Elèves de l’E.N.G. et membre de notre association et moi-même, ce qui valait cet honneur inattendu à Etienne Dolet nous a répondu sobrement:
« Le choix s’est imposé au Conseil d’Administration. Il allait de soi. Celui de Louise Michel également – pour respecter la parité. »
La campagne de l’association pour la réhabilitation de la mémoire de l’humaniste n’est évidemment pas étrangère à cette décision. Et il est judicieux que les noms de deux rebelles, Dolet et Louise Michel, soient associés.
Un exemplaire de notre livre a été offert à la bibliothèque. La dédicace renvoie, page 51, au célèbre passage des « Commentaires sur la langue latine » dans lequel Dolet fait un éloge enthousiaste de l’instruction :
L'éducation humaniste
va changer le monde
« N'ai je donc pas raison de féliciter les lettres de leur triomphe, puisqu'elles ont retrouvé leur ancienne gloire et que, par un privilège qui leur est propre, elles procurent aux hommes tant de jouissances. Tout ce que je demande, c'est que l'on voie s'éteindre la haine de la littérature et des lettres qui subsiste encore chez ceux qui ont été élevés en barbares ; il faut qu'on se débarrasse de ces pestes humaines, et alors que manquera t il pour que le bonheur de notre époque soit complet ?L'autorité de ces misérables est sur son déclin, et les jeunes gens de notre siècle recevront une éducation vraie et libérale, et, se rendant compte de la dignité des lettres, ils précipiteront les ennemis de la culture intellectuelle dans l'abîme ; ils prendront leurs places, on leur confiera les emplois publics, ils auront une voix dans les conseils des rois, ils dirigeront sagement les affaires de l'Etat. De plus ils désireront répandre partout la culture littéraire, à laquelle ils devront tout.
« C'est cette culture qui nous apprend à fuir le vice, qui engendre l'amour de la vertu, qui ordonne aux rois de rechercher ceux qui aiment et protègent la vertu, la justice et l'équité, pour les appeler auprès d'eux et les garder comme conseillers ; c'est encore cette culture qui apprend aux monarques à éloigner, comme un poison, ces hommes vicieux, ces flatteurs, ces parasites, ces ministres de leurs plaisirs dont leurs palais sont encombrés. Quand toutes ces choses seront accomplies, qu'est ce que Platon devrait exiger de plus pour le bonheur de la République ? Il ne voulait que des princes sages et savants, ou du moins des princes amis des sages et des savants et prêts à écouter les conseils de ces derniers. Personne n'aura donc à déplorer que les princes manquent de sagesse, quand on verra qu'ils n'estiment personne tant que les sages et les savants. On réalisera cet idéal par la culture littéraire, par l'étude des lettres et par cette discipline, qui, approuvée généralement aujourd'hui, s'est emparée des esprits de tous ». (traduction tirée de la biographie de Richard Copley-Christie).
Naturellement, il y avait bien des illusions chez l’Humaniste sur le pouvoir de l’instruction, mais quelle actualité dans ces paroles qui datent de 1536 !
Revenons à l’inauguration de la Médiathèque. Le directeur de L’IUFM, ayant profité de l’occasion, pour s’inquiéter, en termes mesurés, de la « réforme » destructrice du gouvernement dans la formation des maîtres qui fait redouter la fin des UIFM, après celle des E.N., le Recteur a tenu à le rassurer. Vaines paroles.
Soyons encore anachroniques : le Dolet qui avait condamné avec force la volonté de la Sorbonne de faire interdire l’imprimerie aurait-il accepté la liquidation de la formation des maîtres par des « pestes humaines » ?
Edmond Fanjat – Marcel Picquier
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Autour du Colloque
Le colloque des 26 et 27 novembre 2009 a été un incontestable succès. Son organisatrice, Mme Michèle CLEMENT, professeur de littérature française , Lyon 2, - ici à l’ouverture du colloque - peut légitimement en être fière.
Les actes, contenant le texte intégral des 19 communications et quelques annexes devraient être disponibles dans l’année.
Il n’est certes pas question d’en parler sérieusement sans disposer de leur intégralité. Cependant nous disposons des communications de Laurent CALVIE et Claude BOCQUET que nous pouvons transmettre par mail à qui en fera la demande.
Parmi les annexes à venir, on pourra trouver le résultat des recherches sur ce qu’a pu devenir le matériel typographique ayant appartenu à Etienne Dolet, vendu et dispersé après sa condamnation. On sait déjà que plusieurs imprimeurs comme Guillaume Rouillé en 1549 ont utilisé certaines lettrines de Dolet ; on en retrouve la trace jusqu'en 1591.
Ces recherches – auxquelles notre ami Jean-Claude Dolet a eu le plaisir d’ajouter une trouvaille - sont conduites par Gérard MORISSE, participant au Colloque, (Bibliophile de Guyenne), qui a mené des recherches dans beaucoup de bibliothèques et qui est parvenu à ajouter bon nombre de nouveaux exemplaires aux listes établies par Longeon et Gültlingen, sans compter un certain nombre de nouvelles éditions non répertoriées jusqu’à ce jour.
Une communication sur le paludisme dont a souffert Dolet va être soumise au comité scientifique du Colloque.
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L’exposition à la BM
Sur cette photo, M. Yves Jocteur MONTROZIER, conservateur en chef au Fonds ancien de la BM de Lyon, avec les conser-vateurs-stagiaires des bibliothèques qui ont participé à la préparation de l’exposition et qui l’ont présentée.
Il s’est agi de 81 pièces dont beaucoup précieuses qu’on peut retrouver sur le site de la BM de Lyon ; parmi lesquelles, le contrat financier passé devant le notaire François Cottereau entre Dolet et Hallouin, en 1541, pour l’achat de ses presses, l’esquisse du monument Dolet (1946) de Robert Couturier qui devait remplacer la statue de la place Maubert et qui n’a pas été réalisé, ou le célèbre exemplaire des « Epîtres familiaires » de Cicéron ( 1542) dont nous empruntons l’image et son commentaire à la BM.
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« Trois procès et deux bûchers : Dolet dans la tourmente
Cicéron, Les épîtres familiaires. Lyon, Etienne Dolet, 1542 Collection Bibliothèque municipale de Lyon, Rés. 318287
Anticipant le destin malheureux d’autres grandes figures de l’humanisme européen, tels Michel Servet ou Giordano Bruno, Etienne Dolet aura aussi connu la torture et le feu. En même temps que l’homme, ce sont ses écrits qui furent condamnés par l’Inquisition et qui périrent, pour certains, au bûcher. Conservé aujourd’hui à la Bibliothèque municipale de Lyon, cet exemplaire des Epîtres familiaires de Cicéron, sauvé des flammes, aurait pu connaître un tel sort. »
Les photos numériques (Gallica) des premières pages, à demi brûlées, de cet ouvrage ont servi à réaliser la couverture du livre de Marcel Picquier.
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Réception à l’Hôtel de Ville de Lyon
Les participants ont été reçus, dans les meilleures conditions, à l’Hôtel de Ville, le 26 novembre en soirée, avec les Amis d’Etienne Dolet, par M. Jean-Yves SECHERESSE, président du groupe socialiste du Conseil municipal et vice-président de la Communauté urbaine, représentant Gérard Collomb et son adjoint à la Culture malencontreusement empêchés.
Marcel Picquier remercie la mairie et annonce que l’association entend bien poursuivre le projet d’Edouard Herriot, d’élever, dans la ville, et pourquoi pas place Jean-Macé comme il était prévu en 1915, un monument commémoratif en l’honneur d’Etienne Dolet et de la liberté de pensée. En temps voulu, la mairie sera sollicitée. Herriot n’avait-il pas fait voter en 1913 une subvention de 10000F/or ?
Après M. Olivier CHRISTIN , président de l’Université Lyon2, qui s’est félicité de la tenue du colloque et des bonnes relations entretenues par l’Université avec la mairie, Monsieur Jean-Yves SECHERESSE a rappelé l’engagement de la Ville dans le domaine de la Culture (B.M., Musée de l’Imprimerie, Universités etc.) et son soutien à l’émission du timbre Dolet et à la sortie du timbre « premier jour », dans l’atrium de l’Hôtel de Ville le 4 juillet 2009. Il a terminé son allocution par ces mots :
-« C’est à travers ces deux points fondamentaux , la liberté de pensée et la diffusion du savoir que s’est construit un courant humaniste dans notre Ville […] Dolet est une de ces personnalités qui ont fait la renommée et l’histoire de la capitale de l’imprimerie que fut notre Ville à la Renaissance. C’est aussi un symbole, une victime de l’intolérance religieuse et de la répression. Il cherchait l’immortalité dans la mémoire des hommes. Maintenons sa mémoire vivante. Je vous remercie d’agir en ce sens. »