p. 56-64, notre ami a publié dans la revue une belle étude :  « ETIENNE DOLET et TOULOUSE (1532-1534) »
 
Il rappelle à des lecteurs à qui le nom de l’humaniste est à peu près inconnu le destin aventureux du jeune étudiant  dans la ville rose, jusqu’à son emprisonnement , sa délivrance rapide,  sa fuite précipitée  pour échapper  à l’Inquisition et son arrivée à Lyon.
 
Parmi les illustrations qu’il fournit, retenons  la photo des nouvelles plaques de la rue Dolet. Elles portent le même intitulé que les plaques de la rue Dolet à Lyon et à Paris.
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°31 - fév 2017
 
ETIENNE DOLET ET TOULOUSE
 
Notre ami Jean Claude Dolet nous fait parvenir un exemplaire de la revue toulousaine  « L’AUTA » ( du nom du vent d’autan, vent du sud-est).
La devise de la revue est donnée à la suite en occitan:
 
« Que bufo un cop cado més »
Qui souffle une fois par mois
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°31 - fév 2017
 
AU VATICAN
 
L’inquisiteur  Mathieu Ory,  en 1538,  plaida auprès du pape Paul III, en faveur des jésuites, garantis orthodoxes. Le même Dominicain  fera condamner Dolet à mort par le tribunal ecclésiastique du diocèse de LYON en 1542.
 
   Le diocèse n’a jamais fait acte de « repentance ».
 
   Le maire de Lyon aurait-il demandé, au pape jésuite qu’il ordonne à leur bon ami l’archevêque Barbarin  de condamner Ory  à la place de  l’humaniste ?
 
La fédération nationale de la LIBRE PENSEE  maintient  depuis toujours  cette exigence d’un monument Dolet  place Maubert.
Marc BLONDEL, président de la LP,  s’était encore adressé pour la rappeler au Maire de la capitale, M. Bertrand DELANOE en 2012.
La réponse avait été cordiale : le maire allait demander  à la commission municipale ad hoc de se pencher sur le dossier du monument Dolet.
On n’a plus entendu parler de rien.
Nous souhaitons à nos correspondants de réussir dans leur difficile entreprise et leur avons conseillé de se mettre en relation  avec la fédération de Paris de la LP.
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°31 - fév 2017
 
PLACE MAUBERT
 
Nous avons reçu cette information
 

Des citoyens du Vème arrondissement de Paris, celui de la place Maubert, ont fondé une association :
 
« POUR UN MONUMENT A LA MEMOIRE D’ETIENNE DOLET, PLACE MAUBERT A PARIS »
 
Ils ne disent pas quel monument ils souhaitent.
Une adresse : Lydie Rappaport, 50 rue des écoles, 75005
 
 
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°28 - jan 2016
 
Pierre ROY - Anthologie : premières réflexions
 
Pierre Roy est un responsable de la Libre Pensée.  Il a réalisé pour la revue (n°312) de la LP « L’Idée Libre » une excellente interview du professeur émérite des Universités, Antony McKenna, qui éclaire notre propos.
 
Mon cher Marcel
 
J'ai bien reçu les deux exemplaires de ton Dolet et j'ai commencé sinon à le lire  de façon systématique, du moins à piocher çà et là. Cela m'a permis au moins de vérifier le caractère éminemment sérieux de ta démarche dans ce choix de textes, pas toujours commodes, il s'en faut. J'en veux pour preuve la controverse avec Erasme et les Luthériens. Si j'ai bien compris, Dolet était au-delà de toute religion révélée, "ni orthodoxe ni hérétique" dit Emile V. Telle qui parle de "laïcisme". Son cicérionanisme était réservé à une petite élite. Très remarquable et très respectable, mais n'était-il pas voué à être incompris, en y incluant la plupart des penseurs de son époque ? Je veux dire par là que son audace intellectuelle, cette "philosophie sans philosophie" ne pouvait avoir qu'une résonance limitée à quelques individualités (dans le  meilleur des cas) de son temps.
 
Ce qui lui donne une marque spéciale car y adhérer supposait un courage ("jusques au feu inclusivement") et une lucidité ultra-rares. Un grand homme, à peu près sûr d'être incompris mais suivant son chemin car il est pour lui le seul rationnel.
Anticipant sur les Libertins et les Lumières et leur soubassement clandestin cher à McKenna ( cf note). Avec aussi ce jeu permanent sur le non-dit et déjà en quelque sorte cette mise  en oeuvre du futur "bouclier de Charron" qui, à la fin du XVI è et au début du XVII è  permit aux audacieux de se retrancher  derrière une certaine forme d'indécidabilité sur le sens exact du texte.
 
C'est dans cet état d'esprit que j'aborde ton livre
Mais je poursuis ma quête dans ce riche ouvrage, qui ouvre tant de portes à la réflexion.
Très Beau Travail.
 
Note : Cher Pierre, Tu frappes juste. Dolet était-il isolé ? Précisons. Il a été admiré et entouré  dans les premières années de son séjour à Lyon, à partir de 1534, même après son dialogue contre Erasme. En fait jusqu’aux persécutions de la contre-réforme conduites contre lui, à partir de 1538, mais surtout de 1542, par l’Inquisiteur général Mathieu Ory. Il devient alors  infréquentable, tout en conservant une autorité et une audace qui lui vaudront la mort. McKenna nous explique l’obscurité où nous pouvons être pour comprendre cette situation. « J’ai été particulièrement intéressé, nous dit-il, par la naissance et la diffusion de la libre pensée en créant la collection « Libre Pensée et littérature clandestine »…et en cherchant à libérer  les travaux de recherche de l’emprise de Lucien Febvre qui, à propos de Rabelais, ne voulait pas croire qu’au 16ème S. on puisse penser un monde sans Dieu – l’emprise de l’Eglise étant si importante.  J’ai montré, je pense, que  les matérialistes anciens, Démocrite et Epicure, relayé par Lucrèce, ont été une source capitale de la libre pensée à l’époque classique ( de la Renaissance aux Lumières) ».
Effectivement la thèse de Lucien Febvre qui date de 1942 obscurcit l’histoire des idées et, malheureusement, est encore la « doxa » officielle de bien des Universitaires.
La bourgeoisie marchande s'affirme  et provoque un bouleversement de la pensée.
 
De 1300 à 1500, les villes italiennes sont au cœur des progrès économiques. Si Galilée pourra construire la lunette astronomique sur les plans que lui a envoyés Képler, c'est parce qu'il utilise les progrès techniques de l'artisanat du verre de Venise. Dans les villes la bourgeoisie découvre que des techniques modernes étaient connues dans l'antiquité. Il va donc y avoir un véritable engouement pour les textes du passé. Dans l'art, la sculpture, l'architecture, la peinture, l'histoire, voilà que l'idée se répand : l'antiquité était en avance sur nous. Les hommes instruits se jettent dans la recherche de ce passé qui devient vite une terre à redécouvrir. Ce n'est pas un hasard si les expéditions maritimes, s'efforcent de déchiffrer ce qu'avaient compris les anciens grecs et romains. Christophe Colomb part avec des cartes et des calculs basés sur les textes de l'antiquité.
 
Les humanistes sont donc des érudits comme Pétrarque (1304-1374) ou Boccace (1313-1375),
qui  ont accès aux textes de l'antiquité en fouillant les bibliothèques des monastères ou grâce aux érudits de Byzance, dont les plus prestigieux viennent s'installer à Venise ou Florence, du fait du déclin puis de la menace de la chute de l'empire byzantin. Venise n'a pas ramené seulement de Bizance les lions de bronze pour installés sur la cathédrale St Marc, mais aussi des savants.
 
Puis à partir de 1450, la bourgeoisie étend ses positions commerciales dans toute l'Europe du nord. L'Eglise est entrainée dans cette mode de l'engouement pour l'antiquité. Le premier pape humaniste Nicolas V (1405-1455) fonde la bibliothèque vaticane. Son secrétaire Lorenzo Valla crée l'humanisme philologique qui analyse et donc soumet à critique les textes sacrés de la Bible.
 
Il n'y a donc pas à ce moment-là d'opposition des sommets de l'Eglise à cet essor de la recherche. Ce qui explique aussi le prestige de l'Italie dans toute l'Europe. Ses  richesses sont des proies qui attirent les pillards. ( En témoignent les onze guerres conduites en Italie par les rois de France au XVIème s).
 
On connait bien la place des Médicis à Florence ou des Fugger à Augsbourg, les banquiers marchands ont déjà une vision mondiale des affaires.
 
La bourgeoisie a ses intérêts propres qui entrent en contradiction avec l'ordre féodal
 
Toute la société est corsetée dans la féodalité où le clergé est l'ordre répondérant car il est l'interprète de la volonté divine et les nobles sont ses vassaux. Dès qu'un roi ou empereur puissant veut contrôler son clergé, des conflits majeurs se développent. Le principe du pouvoir totalitaire du clergé et du pape reste un fondement de la société défendu becs et ongles par le haut clergé qui vit dans le luxe le plus ostentatoire.
 
Mais la bourgeoisie de plus en plus riche développe le crédit pour les rois et les princes, ce qui suppose, de leur part, des levées d'impôts toujours plus lourdes pour assurer le service de la dette publique, les intérêts étant fort élevés. Il arrive un moment où la lutte pour accaparer la richesse produite par le paysan serf va opposer le clergé qui veut s’assurer un train de vie toujours plus dépensier et les bourgeois qui poussent les rois pour payer leurs dettes à augmenter les impôts des artisans, commerçants, paysans.
 
Ce n'est pas un hasard si la question des indulgences va exploser en Allemagne. Depuis l’humiliation imposée à l'empereur d'Allemagne à Canossa (1077) par le pape, le clergé avait gardé dans les principautés allemandes des moyens de pillage colossaux, et chaque année des convois d'or partaient vers Rome et le Vatican. Les indulgences étaient un nouveau moyen d'enrichissement qui pesait surtout sur les riches et faisait gronder aussi bien les bourgeois qui devaient déjà graisser la patte des nobles pour faire commerce, que la petite noblesse des chevaliers appauvris, jaloux du train de vie scandaleux des évêques, cardinaux, et abbés des monastères toujours plus nombreux.
 
En 1514 le pape Léon X renouvelle l'indulgence pour la construction de St Pierre de Rome. Quand Luther en 1517 affiche sa proclamation sur le mauvais usage des indulgences, il exprime une idée qui est dans l'air du temps. Par la suite sa critique se développe en critique religieuse, donc en reforme religieuse, mais elle va susciter des développements qui le dépassent.
 
Il serait d'ailleurs incompréhensible que si vite (sans internet, télés satellite, ou radio), mais avec l’imprimerie cependant, ses idées se soient répandues, si elles n'avaient pas été portées par l'époque.
 
L'Eglise pilier de l'ordre féodal prend peur
 
Quelques repères historiques expliquent le contexte dans lequel les humanistes vont voir se retourner contre eux la fureur du clergé. Ceux qui comme Dolet ont été imprudents et n'ont pas voulu s'abaisser, le paieront cher.
 
En Allemagne les princes se jettent sur les biens de l'Eglise, mais les paysans à partir de 1525 se soulèvent. Thomas Munzer, sous une forme religieuse lui aussi, avait exprimé les revendications paysannes du partage des terres et de l'égalité. Luther appelle à massacrer les paysans, et cette guerre des paysans se termine par d'horribles carnages et des représailles monstrueuses et sans fin. Les princes s'entendent : ceux qui sont restés fidèles au pape (Bavière) et les luthériens signent en 1555 la paix d'Augsbourg sur la base « cujus regio, ejus religio » ( les sujets auront la religion de leur prince).
 
L’ Angleterre suit cet exemple. « La réforme, et la spoliation des biens de l'Eglise qui en fut la suite, vint donner une nouvelle et terrible impulsion à l'expropriation violente du peuple au 16ème siècle. L'Eglise catholique (anglaise) était à cette époque propriétaire de la plus grande partie du sol anglais. Les biens du clergé tombèrent entre les mains des favoris royaux, des fermiers spéculateurs qui commencèrent à chasser en masse les vieux tenanciers héréditaires... Les bourgeois capitalistes favorisèrent l'opération dans le but de faire de la terre un article de commerce, d'augmenter leur approvisionnement de prolétaires campagnards, d'étendre le champ de la grande agriculture » (Marx, Le Capital, chapitre l'accumulation primitive).
 
On voit donc qu'à l'époque où écrit Dolet, l'Allemagne est à feu et à sang, l'Angleterre a rompu avec la tutelle du pape. Mais  la toile de fond c'est une lutte à mort pour savoir si la bourgeoisie aura une meilleure part dans le pillage de la paysannerie, si la terre deviendra un article de commerce et de spéculation.
 
Les humanistes un danger pour tous les camps
 
Dolet a fait des études à Padoue au moment où les textes de l'antiquité sont à l'honneur. Il est allé, de plus dans une université jouissant d’une grande liberté et où l'athéisme est accepté comme d'autres  idées. Mais quand il revient en France la situation est en train de changer.
François 1er protège encore les humanistes de la Renaissance, mais sa défaite de Pavie et des compromis obligés l'ont affaibli. Le cardinal de Tournon protège Dolet car il paraît un de ces savants capables d’augmenter la gloire de l'Eglise comme ces peintres et ces architectes qu'on fait venir d'Italie. Mais Dolet ne se contente pas de se prétendre un bon catholique, sa volonté de penser par lui-même devient très dangereuse pour le clergé qui veut arrêter toute dérive hérétique.
 
La compagnie des jésuites est fondée à Paris en 1534. Aujourd'hui il est facile de voir la concordance des dates, mais Dolet n'a pu le faire et surtout ne pouvait guère deviner toutes ses conséquences. En 1540 le pape Paul III, conseillé par l’Inquisiteur Mathieu Ory,ratifie la création de l'ordre. La contre réforme, véritable contre révolution, est en marche. Les humanistes sont suspects de risquer de déclencher la subversion. Ils ont ouvert la boite de la contestation en mettant la recherche de la connaissance sur un piédestal ; la recherche de la vérité devient une démarche individuelle, échappant au contrôle de l'Eglise.
 
L'anthologie de Dolet le montre bien : il considère que les connaissances humaines assureront en se développant l'harmonie et la liberté, il voit la liberté d’expression que permet l’imprimerie comme un moyen de faciliter et accélérer ce mouvement de diffusion des idées et des connaissances. Il est  un pionnier de ce qu’on appellera les Lumières qui, deux siècles plus tard, marqueront une nouvelle poussée de la bourgeoisie qui cette fois n'exprimera plus ses revendications sous des formes religieuses mais politiques, cet essor des idées précédant et accompagnant la révolution française.
 
La renaissance a marqué une première avancée de la bourgeoisie sur la scène de l'histoire et les humanistes ont exprimé l'aspiration à la liberté individuelle, qui était contradictoire à toute la conception féodale des hommes-liges (tout homme est le vassal d'un seigneur). Mais si le pape et ses évêques pouvaient fort bien s'accommoder de discours et de poésie antique, laisser un Erasme parler de Saint Socrate et de Saint Cicéron – ce qui devait indigner Dolet - et même sous les Borgias reconstituer les orgies romaines antiques, quand la bourgeoisie, sous couvert de réforme, a commencé sa lutte pour le contrôle des richesses, la conscience des classes féodales s'est brusquement réveillée. Comme l'a fort bien dit Marx, l'Eglise acceptera plus facilement la révision des neuf dixièmes de ses dogmes que la réduction d'un dixième de ses revenus.
A la lecture des textes de l'Anthologie des œuvres rassemblées par Marcel Picquier, et de la biographie qu'il a publiée, on peut comprendre les raisons qui ont poussé l'Inquisition à  choisir Dolet pour faire un exemple et terroriser les humanistes. Un petit retour sur les événements de cette période est nécessaire.
La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°28 - jan 2016
 
Christian COUDENE : Dolet victime de la contre réforme
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Histoire et Géographie au Pays de Voltaire - www.paysdevoltaire.eu
 


au sujet du livre de Marcel PICQUIER
Etienne Dolet, imprimeur humaniste mort sur le bûcher (1509-1546)
 

article rédigé par Jean-Loup Kastler-Vassilievitch
 


Ce livre paru à compte d'auteur en avril 2009 est de notre point de vue une référence incontournable sur la vie d'un humaniste du XVIème siècle aujourd'hui trop oublié. Marcel Picquier, professeur de lettres à la retraite, y montre une parfaite maîtrise de son sujet qu'il aborde de façon à la fois objective et engagée. Il y raconte de façon captivante la vie d'Etienne Dolet en ajoutant aux biographies précédentes comme celle de Richard Copley Christie (1886) une approche nouvelle fondée en grande partie sur ses qualités d'érudit et sa connaissance de la culture latine. Il y décrit un imprimeur humaniste passionné de littérature et initié à la philosophie cicéronienne à la suite d'un voyage à Padoue. Malgré une spiritualité certaine, Etienne Dolet présentait plusieurs traits qui le rapprochaient du paganisme antique et l'éloignaient du dogme de l'éternité de l'âme. De fait, sa conception de l'histoire telle qu'il l'a transmise aux détours de certains de ses écrits montre qu'il s'en faisait une représentation matérialiste bien loin de l'idée de la providence chrétienne. A plusieurs reprises, il affirme croire à la postérité par les textes plutôt qu'à une hypothétique éternité dans les cieux. Marcel Picquier en conclut de façon convaincante que l'humaniste était bien en fonction des critères de l'époque un athée ou un incrédule. Il ne fait en cela que mettre en lumière l'existence d'exceptions importantes à la théorie de "l'impossible incroyance au XVIème siècle" proposée par le grand historien Lucien Febvre. Ce dernier, tributaire d'une histoire des mentalités aujourd'hui archaïque, reconnaissait à contre coeur les lacunes de sa théorie qui condamnait à l'infra-histoire ou à la littérature tous ceux que les républicains anticléricaux du XIXème siècle considéraient comme leurs lointains ancêtres.
 
Ce Livre qui s'inspire en partie dans sa démarche du travail réalisé par Marguerite Yourcenar dans L'Oeuvre au noir fait resurgir la question de l'étrange liberté des hommes et des femmes de l'époque moderne face à l'inquisition ou à la censure: Comment dire ou exprimer ce que l'on pense face au danger de la persécution? Comment évaluer la sincérité d'une profession de foi obtenue sous la menace?
 
Etienne Dolet meurt en 1546 brûlé sur le bûcher en place Maubert. Malgré toute sa prudence et ses protestations, ses juges finissent par avoir raison de lui en le rendant responsable d'une traduction trop fidèle au sens d'un texte hérité de l'antiquité qui nie l'éternité de l'âme. Il fut de fait le premier théoricien de la traduction moderne privilégiant le sens à la forme.
 
Comment s'étonner de l'hommage que lui a rendu la République laïque à la fin du XIXème siècle en lui construisant une statue Place Maubert ! L'ironie de l'histoire veut qu'elle ait été fondue par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale en même temps que celle de Diderot et d'autres philosophes.
 
Marcel Picquier milite aujourd'hui pour le retour d'Etienne Dolet dans la mémoire collective nationale.
 




























Biographie d'Etienne Dolet, auteur Marcel Picquier - 2009
 
- Commande auprès de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet (17€ + 4€ expédition)
 
- Extrait : Table des matières
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n° 8 - 20 juin 2005
 


Notre courrier
 

Notre ami COTTAZ-CORDIER  a voulu corriger une formule de Gilbert Gardes dans son article du B.M.O l’an dernier  sur la « remémoration » de Dolet :  «  Je relève dans l’article quelques mots qui m’ont étonné … «la mémoire monumentale de Dolet a régressé à zéro ».(…) Or il existe à Orléans , sa ville natale, dans un petit square, un buste de Dolet… »
 
Exact, cher ami. Les pages 159-163 du livre de M.Picquier évoquent en détails les aventures de la construction, de la destruction et du rétablissement de ce buste qui se trouve dans le parc de l’Hôtel municipal dit  «  Hôtel Groslot ».
 
Gilbert Gardes devait faire allusion au monument jamais construit à Lyon et à celui de la place Maubert à Paris détruit sous l’occupation et jamais remplacé.
 
Un adhérent de Mulhouse  - l’association est riche d’une douzaine  d’adhérents lointains mais fidèles -  André PANCHAUD, nous transmet l’excellent article sur Dolet de deux pages, écrit par lui-même et publié dans « son magazine », journal de Comedia , syndicat suisse des médias.
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n° 6 - jan 2005
 


Les Vaudois, à nouveau
 

L’historien Maurice MOISSONNIER après avoir lu l’article consacré aux Vaudois dans le bulletin n° 3 s’est souvenu d’un diplôme d’Etudes Supérieures et  nous envoie  ces quelques lignes qui nous parlent de la  « croisade » conduite contre eux sous Louis XI – donc au XVème siècle. 
 
Son commentaire nous intéresse si l’on se souvient que les Vaudois du Lubéron ont été massacrés, à leur tour,  par une nouvelle croisade, en 1545,  ce qui annonçait les terribles répressions qui allaient ensanglanter le XVIème siècle et dont Dolet fut une des grandes victimes dès 1546.
«  Les Vaudois sont ainsi appelés en raison de Pierre Valdo, riche bourgeois lyonnais épargné par la foudre tombée à côté de lui qui vit là le doigt de Dieu, dispersa ses biens et fonda. «  Les pauvres de Lyon », vite rejetés par la Papauté en raison de leurs conceptions hostiles à l’enrichissement de l’Eglise. La « secte dangereuse » est condamnée, est diabolisée, et se transforme en « secte hérétique » dont Valdo est le prophète ! Sous Louis XI, elle se replie dans les Alpes du Sud, en particulier en Vallouise, où contre elle, le légat du Pape Alberto de Cattaneo conduit une croisade.
 
Il y a dans la Vallouise, un lieu dit « La balme chapelue » ainsi nommée, semble-t-il, parce que les « croisés » avaient fraternellement balancé leurs frères Vaudois dans son précipice, leurs coiffures étant restées accrochées aux arbres !
 
Le tribunal de l’Inquisition a siégé dans de nombreux villages de Vallouise. Les souvenirs des « bonshommes » comme on les appelait, sont nombreux et retentissent encore, comme je l’ai souligné dans mon diplôme annexé, en 1914-18, où le nombre de désertions par refus de la violence furent, dans ce secteur des Hautes Alpes, particulièrement nombreux…
Les voies du Seigneur sont insondables ».
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n° 6 - jan 2005
 

1905 : La loi de Séparation des Eglises et de l’Etat et Etienne Dolet
 



Un Ami de Niort (79) , Jean MACQUART, a découvert un article paru le 10 août 1905 dans un journal local «  Le Socialiste de l’Ouest ». Nous en extrayons quelques lignes :
 

« La manifestation d’Etienne Dolet,
A la gloire d’une victime de l’Eglise »
 

L’article est un reportage de la manifestation qui, cette année-là , dans une  époque de lutte sociale, républicaine et anticléricale, à la date anniversaire de la mort de Dolet, le 3 août, avait réuni «  une véritable foule … venue, une fois encore,  exalter la mémoire du grand humaniste qui, dans un siècle où le dogme était tout puissant, fut la proie du fanatisme clérical. »
 
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés place de l’Hôtel de Ville pour former leur cortège en direction de la place Maubert.
 
C’est le Préfet de Police lui-même, M. Lépine, qui commande le service d’ordre . « Toutes les voies qui mènent à la place Maubert sont barrées d’un triple cordon de gardes à pied et à cheval …Des forces imposantes isolent la place Maubert… ».
 
Quand le  groupe breton socialiste de la Seine déploie son drapeau rouge « les agents accourent, s’efforcent d’arracher le drapeau… ».
 
Des dizaines d’associations défilent, groupes socialistes, associations de la Libre-Pensée, le groupe Ni Dieu ni Maître, la Jeunesse républicaine du 18 ème arrondissement… La manifestation est suivie d’une conférence à l’Hôtel des Sociétés Savantes : les orateurs «  ont fait le procès du cléricalisme et exalté l’idéal de la libre pensée. Leurs discours ont été chaleureusement applaudis. »
 
Prenons-y garde : 1905, c’est l’année du vote de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat. L’hommage rendu à Dolet était bien venu : n’avait-il pas combattu pour libérer la science de la gangue théologique.
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°4 - avr 2004
 

Louise Labé a t elle connu Etienne Dolet
A-t-elle lu " Les Comptes Amoureux " ?
 
  
Louise Labé, née entre 1516 et 1523 , aurait fait la connaissance de Clément Marot en 1536, dans le salon de Guillaume de Scève, le cousin de Maurice, deux intimes de Dolet.
 
Marot a écrit des vers amoureux en l' honneur de la jeune femme  Elle a certainement pu rencontrer Dolet dm le même salon, ce qui rend tout à fait plausibles cc& lignes tirées d'une biographie romancée de la poétesse que me communique notre ami Edouard Cottaz Cordier :
 
p.230 : "Longs Désirs, Louise Labé, lyonnaise " par Florence Weiniberg (Editions lyonnaises d'Art et d'essai) :
 
C'est Louise qui parle.
 
"L'année suivante nous apporta de Paris la consternante nouvelle que notre ami Etienne Dolet qui avait donné un tel élan à nos discussions et à nos forces créatrices, agissant toujours en instigateur artistique avait été condamné pour hérésie par le Parlement de Paris , pendu et brûlé publiquement sur le bûcher Il m'était difficile de limaginer lui qui était si intensément vivant, subissant un sort aussi affreux ".
 
Louise Labé a t elle lu les « Comptes amoureux " ? C'est l'hypothèse des préfaciers de l'édition moderne (p.37)
 
" C'est en créant un univers de fiction que Jeanne Flore plaide pour l'avènement d'une réalité transformée Rêver la vie était sans doute dans les années 1530, la forme la plus aisée de la protestation, souhait d'une évasion illusoire plutôt que revendication, celui de la poétesse lyonnaise qui écouta peut être ses leçons :
 
Et si jamais ma pauvre âme amoureuse
Ne doit avoir de bien en vérité
Faites au moins qu'elle en ait le mensonge"
 
Louise Labé, sonnet IX
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°3 - mai 2003
 

La persécution des Vaudois
 
Hasard ? Un lecteur de Grenoble - M Millier - m' a envoyé un important dossier (1) sur le rôle de l'Inquisition et des Evêques dans la chasse aux sorcières (2) et dans un précédent massacre des Vaudois en 1488, dans le Dauphiné, cette fois.
 
Les Vaudois, formaient "une communauté pastorale pacifique et humble" réfugiée pour fuir les persécutions,dans les hautes vallées du Briançonnais .
 
Il se passa en 1488 une espèce de répétition générale des massacres de 1545 : la croisade militaire fut initiée par l'archevêque d'Embrun , Jean Baile, et l'Inquisiteur dominicain, Alberto Cattaneo, avec l'accord du pape Innocent VIII, et l'appui du gouverneur du Dauphiné et du parlement de Grenoble.
 
"Tous les croisés pouvaient compter sur une indulgence pleinière du Souverain Pontife, avec en prime - ce qui n'était pas négligeable - la possession sans bourse délier d'une partie du bien des hérétiques (... ) Le roi Louis XII, procéda. en 1499, à une réhabilitation progressive. Toutes les sentences et confiscations prononcées par feu Jean Baile furent annulées..."
( Les affiches de Grenoble et du Dauphiné - 7 nov. 1997 - Georges Salamand.)
 

(1)- Fondé, entre autres, sur l'ouvrage "L 'Inquisition en dauphiné - Etude sur le développement et la répression de l'hérésie et de la sorcellerie du XIV°s. au début du règne de François 1er" par Jean Marx, Laffitte Reprints Marseille 1978.
(2)- Une des lointaines aïeules de notre correspondant dont la famille a conservé le souvenir , "Antonio Javeydan, guérisseuse", fut " livrée au bras séculier" pour être brûlée le 26 novembre 1459
La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°2 - jan 2003
 

La Quinzaine littéraire
 


En même temps que je lisais Les Abeilles et la guêpe me parvenait un petit livre d'un homme encore jeune puisqu'il me dit, dans sa dédiçace, avoir lu un livre ancien de moi quand il était « étudiant ». Le titre de son ouvrage est sans équivoque : Étienne Dolet (1509-1546), imprimeur humaniste lyonnais mort sur le bûcher.
 
Il habite Lyon, cet auteur, et il est bien un, peu patriote lyonnais, mais l'imprimerie d'Etienne Dolet se trouvait aussi à Lyon à l'enseigne de « La Doloire d'or » (« doloire, une espèce de hache qui va frapper un tronc d'arbre en vue de le façonner, de l'équarrir »).
 
Et Dolet, le cicéronien, amateur du latin classique avant de.' devenir un imprimeur en langage « françois », d'éditer la version primitive de Gargantua, reniée par son prudent auteur, les poèmes de Clément Marot, en même temps que ses propres Commentaires sur la langue latine.
 
Un imprimeur , un écrivain, un érudit, un athéé tranquille qui se tient à distance des papistès et des luthériens tout en disant respecter le Bon Dieu. Deux mots de trop dans une de ses traductions des livres sacrés.
 
Quand il est dit : «Après la mort, tu ne seras plus », il ne faut pas traduire « tu ne seras plus rien du tout ». Ces messieurs de l'Inquisition ont de bons yeux et de bonnes oreilles. Malgré les protections dont il jouit en ces temps troublés avec massacres d'hérétiques et Concile de Trente, Etienne Dolet « coupable de basphème, de sédition et d'exposition de livres prohibés et damnés » sera, le 3 août 1546, « bruslé avec ses livres et son, corps mué et converti en cendres ». Après qu'on l'aura « mis en torture et que la langue lui sera coupée », cela va de soi.
 
Je me souviens de la statue d'Étienne Dolet place Maubert, à l'endroit même où il fut brûlé vif. Elle a été retirée en 1942 et donnée aux Allemands pour la fondre, en même temps que celles de Rousseau, de Voltaire du chevalier de la Barre. Le socle en existait encore après la guerre. Je me souviens avoir défilé devant en compagnie menée par François Châtelet. Ce socle trop parlant gênait la circulation. On l'a remplacé par une fontaine qui permet aux piétons, l'été, de rafraîchir leurs tempes brûlant d'autres feux.
 
François Maspero, Les Abeilles et la guêpe, Éd. du Seuil.
Marcel Picquier, Étienne Dolet (1509-1546), Imprimeur humaniste, lyonnais mort sur le bûcher, Association laïque lyonnaise des amis d'Étienne Dolet, chez M. Picquier, 7 avenue Berthelot 69007 Lyon.
 

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Bonne nouvelle : les Editions URDLA à Villeurbanne — aidez-les, elles en ont besoin, comme tous ceux qui veulent sortir de l'ordinaire — publient les Sonnets luxurieux et la Chronique scandaleuse de Claude Le Petit.
 
Claude Le Petit fut brûlé en place de Grève le ler septembre 1662. Il avait « environ » vingt-trois ans. « Je crois que cette punition contiendra la licence effrénée des impies et la témérité des imprimeurs » (Daubray, lieutenant civil, à l'intention du chancelier Séguier).
 
Sonnet de Claude Le Petit pour honorer Jacques Chausson, poète comme lui, brûlé l'année précédente en même lieu :
 
Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,
Ce coquin si fameux, à la tête frisée ;
Sa vertu par sa mort s'est immortalisée :
jamais on n 'expira de si noble façon.
 
Il chanta d'un air gai la lugubre chanson
Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,
Et du bûcher ardent de la pile embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.
 
En vain son confesseur lui prêchoit dans la flamme,
Le crucifix en main, de songer à son âme :
Couché sous le poteau, quand le feu l'eut vaincu,
 
L'infâme vers le Ciel tourna sa croupe immonde ;
Et, pour mourir enfin comme il avoit vécu,
II montra, le vilain, son cul à tout le monde.
 
Pascal Pia aimait Claude Le Petit. Il le citait par coeur. Il l'a sûrement fait figurer dans quelqu'une de ces anthologies dont Louis Perceau, le libraire Bonnel et lui-même avaient le secret.
 
Claude Le Petit, Sonnets luxurieux, La Chronique scandaleuse, URDLA, cart. 18 E
La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°2 - jan 2003
 
Les lecteurs interviennent... A qui le tour ?
 

Un Jésuite en 1730
Un ami que je remercie m'écrit :
 
" Lyon ne s'est pas tout à fait désintéressé de Dolet, comme tu le supposes - p.107, avant 1835. ".
Il m'envoie les photocopies des quelques pages portant sur Dolet d'une "Histoire Littéraire de la Ville de Lyon "... - parue en 1730 - par le P. de Colonia de la Compagnie de Jésus.
Le disciple d'Ignace n' est pas trop malveillant envers Dolet reconnaissant ses grandes qualités d'imprimeur, d'écrivain, l'intérêt de ses "Commentaires sur la langue latine" etc...
Mais son jugement est étroit. On le voit quand il écrit à propos des nombreuses digressions des Commentaires : " II nous apprend que pour se délasser du travail de ses Commentaires il allait souvent se baigner dans le confluent de nos deux rivières (..) qu'il se plaisait à la musique et à jouer des instruments; et il saisit l'occasion de quelque terme latin pour nous apprendre ce détail et cent autres choses pareilles aussi inutiles". Un lecteur qui signe "L.C." - un certain abbé Le Clerc, d'après notre ami érudit - a ajouté sur son exemplaire, des notes manuscrites, soignées et très savantes dont celle-ci à propos de ce qu'on vient de lire : "Ces petites digressions sont très utiles dans la suite du temps".
Ce sera aussi notre avis: ne permettent-elles pas de reconnaître en Dolet un de ces hommes universels de la Renaissance, grand savant et sportif imprimeur-libraire et musicien, écrivain et curieux de médecine ( on publiera une prochaine fois l'éloge par Dolet de Rabelais pratiquant la dissection d'un pendu ).
Le R.P. perpétue évidemment le jugement, fort utile pour dégager l'Eglise et la monarchie de toutes responsabilités dans la répression, que Dolet fut victime de son mauvais caractère et de son paganisme cicéronien : "Le mauvais usage que Dolet fit de ses divers talents les firent ( sic) tourner à sa perte" etc...
Mais le RP.sait aussi lui rendre hommage : "Parmi ses poésies on en trouve quelques unes marquées au coin de la plus saine antiquité: témoin cette mordante épigramme contre Floridus " ( le pire ennemi de Dolet qu'il avait accusé, entre autres, de plagiat et dénoncé comme athée, digne du bûcher ). .La traduction pourrait être :
"L'excellence de mes vers est telle que le "brillant" Floridus ne croit pas qu "ils soient vraiment de moi Mais qui connaît l'ignorance et la débilité de Floridus, ne doute pas que ce qu' écrit Floridus est bien du Floridus."
Dolet avait la dent dure, ancêtre de Voltaire !
 



Dolet, héros de roman
 

Un autre lecteur- merci à lui -me communique les pages d'un roman historique de Jean Diwo ( "Les Dames du Faubourg" folio n° 1834) où il est question de la mort de l'humaniste.
L'auteur raconte l'histoire d'une dynastie de menuisiers, ébénistes et imprimeurs du Faubourg Saint-Antoine de Paris au XVIème siècle, que Dolet aurait connus. Le roman autorise des libertés. Je cite le passage qui nous intéresse , page 129-130. Il faut se féliciter de la présentation sympathique et juste qui est donnée de Dolet :
" Un soir pourtant, on pleura chez les Thirion. Jeannot était rentré porteur d'une nouvelle qui accabla Louise: déjà condamné au feu en 1543 mais grâcié par le roi, l'imprimeur-libraire Etienne Dolet venait d'être encore condamné et cette fois brûlé vif avec ses livres sur la place Maubert.
Louise, de quelques années l'aînée d'Etienne Dolet, se rappelait ce grand jeune homme mince au regard de braise qui venait voir Nicolas Cottion et Marguerite Du Pré, dans l'atelier de la rue Saint-Jacques, entre deux voyages à Venise ou à Lyon. Etienne Dolet n'était pas luthérien mais prétendait penser et publier librement à une époque où l'imprimerie faisait peur. (..) Les livres qui sortaient de son imprimerie traduisaient toujours une hardiesse, une turbulence, une agressivité ou simplement une tendance satirique que les fanatiques de la Sorbonne et du parlement ne pouvaient tolérer.
-Heureusement pour moi que l'indulgence du roi est grande, disait-il à Nicolas.
Louise se rappelait avec émotion les discussions passionnées et l'enthousiasme de celui qu'on appelait "le grand cicéronien". Tout son être se révoltait contre la sinistre victoire des sorbonnards (.). Pour Louise qui avait vécu toute sa jeunesse dans l'odeur acide de l'encre, et dans la religion du papier porteur d'art et de pensée, c'était l'esprit qu'on venait d'assassiner.
-Quand je pense, dit-elle à Jean-Baptiste, que des centaines de gens ni meilleurs ni pires que d'autres se sont battus pour voir de plus près le supplice d 'Etienne hurlant de douleur dans la fumée de ses livres, je me prends à douter de tout, de Dieu, de ses saints et des hommes.
-Tu as raison. Je n'ai pas connu ton ami mais je sais ce qu'il représentait Dis-toi une chose: sa condamnation assure sa survie. Dans des siècles et des siècles, les livres qu 'il a a tant aimés parleront encore de lui."
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°12 - juin 2008
 

EXTRAITS DE QUELQUES LETTRES DE SOUTIEN
 

- Ville de Lens — Guy Delcourt, maire, député du Pas-de-Calais
«En tant qu'élu local et parlementaire attaché aux valeurs d'humanisme et de tolérance défendues par Etienne Dolet, en particulier devant l'Inquisition, je vous informe de mon soutien à votre demande de réexamen de la décision prise par la Direction du programme philatélique. En effet, cet homme érudit pour qui la connaissance et le progrès devaient mettre fin à l'obscurantisme et au fanatisme, mérite d'être mieux connu grand public ».
 
- Ville de Saint Orens de Gameville ( Haute Garonne) - Christian Sempé, maire
«Combattant en ce XVIème siècle l'intolérance, une cause toujours d'actualité, Dolet mériterait d'avoir un timbre émis en 2009. »
 
- Ville de Limoges — Alain Rodet, mair, député de la Haute-Vienne
«Je vous confirme que la municipalité de Limoges avait rendu hommage à ce grand humaniste en lui attribuant une rue au début du siècle dernier. Je comprends parfaitement votre volonté de voir aboutir les démarches que vous avez entreprises pour la célébration du 500ème anniversaire de sa naissance et je souhaite que vous obteniez satisfaction ».
 
- Ville d'Issy-les Moulineaux- André Santini, maire , Secrétaire d'Etat
«Le Conseil municipal du 21 avril 1894 a donné le nom d E'tienne Dolet à une des rues d'Issy-les-Moulineaux afin de rendre hommage à ce célèbre imprimeur et humaniste. Etienne Dolet est né le 3 août 1509 et a passé sa vie à défendre les libertés de pensée, d'expression et de la presse. Pour cela il a été pourchassé à de multiples reprises et condamné à brûler avec ses ouvrages place Maubert à Paris le 3 août 1546 alors qu'il venait d'avoir 37 ans. Je tiens donc à vous assurer de mon fidèle soutien pour l'émission d'un timbre à l'effigie d'Etienne Dolet qui serait une belle reconnaissance pour ce martyr de la liberté... »
 
- Le député-maire de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonec a écrit pour nous soutenir à Mme Françoise Eslinger.
 
- Le député-maire de Toulouse, Pierre Cohen a écrit pour sa part à M. Jean-Paul Bailly, président du groupe La Poste.
 
- Jean-Paul Fontaine de  Strasbourg, docteur en médecine, bibliophile et historien du livre, découvrant sur notre site le rejet du dossier du timbre Dolet par La Poste, écrit, indigné :
«Quelle injustice ! Quelle ignorance de l'Histoire ! Quel manque de Culture ! Choisir l'impitoyable pleutre aux dépens du courageux humaniste témoigne de l'incompétence des responsables de ce choix ».
Le même correspondant ajoutera dans un échange de courrier, en donnant l'autorisation de le publier :
«C'est en totale indépendance, en particulier sans référence à la libre pensée ni à la laïcité et uniquement en tant qu'historien du Livre que j'ai répondu à votre appel. Je maintiens
«incompétence » des décideurs au sens latin du terme (« qui est déplacé ») et dans son acception française (« qui n'a pas les connaissances voulues pour décider »). Il est temps de reconnaître la dimension des féconds cerveaux que furent les imprimeurs, médecins et autres humanistes oubliés de notre beau XVIème siècle, en particulier ceux qui ont été injustement, c'est-à-dire arbitrairement, condamnés par les esprits bornés de leur temps. »
 
- Un refus de soutien, sec et non motivé, nous a été signifié par la ville de Montreuil dont le maire est Mme Dominique Voynet. Sans commentaire.
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°14 - juin  2009
 



Des Maires nous écrivent
 

Nous n’aurions pas eu gain de cause pour le timbre si des élus de villes ayant donné le nom de Dolet à une rue ou un établissement scolaire n’avaient pas adhéré, parfois activement, à notre campagne démocratique.
 
Nous les avons remerciés et nous leur avons fait trois propositions  permettant de donner suite à cette première étape de la restauration  de la mémoire de Dolet :
 
- changer les plaques de rue comme à Lyon (24 avril 2004) avec l’inscription : « Etienne Dolet, 1509-1546, Imprimeur humaniste, mort sur le bûcher ».
- publier une page commémorative dans le bulletin municipal, avec l’exemple de l’article publié à Malakoff.
- Acheter notre biographie pour la bibliothèque municipale et/ou les centres de documentation.
 

La ville de Paris changera ses plaques, avec ce commentaire : «  Le texte de la ville de Lyon me semble convenir », cependant que la ville de Vierzon inscrira sur les nouvelles plaques la formule d’Herriot que nous avions choisie pour  la plaque de la rue Mercière (4 juin 2005) : «  martyr de l’indépendance de la pensée ».
 
La ville de Bourges entend publier un article dans son journal «  Les Nouvelles de Bourges ».
 
La ville de Tours également dans le sien, comme la ville d’Issy-les-Moulineaux dans le journal «  Point d’Appui ».
 
Des livres ont été commandés pour des bibliothèques ou médiathèques municipales (Sens, Issy-les-Moulineaux, Tours, Vierzon  et Corbas dans le Rhône).
 
Trois autres villes ont mis les propositions à l’étude des services concernés et nous aviseront plus tard des décisions (Charleville-Mézières, Suresnes, Toulouse).
 
Nous savons que, dans le monde actuel,  les communes ont des problèmes plus urgents à régler, que de se préoccuper de la postérité d’un humaniste. Mais ces premiers résultats doivent nous encourager à la patience et à la poursuite de  nos efforts.
 
    Plusieurs élus nous ont d’ailleurs  félicité de l’émission du timbre. L’un d’eux écrit :
 
«  Sachez que je m’en réjouis et tenais à vous féliciter ainsi que l’ensemble des membres de l’association laïque lyonnaise des Amis d’Etienne Dolet pour la persévérance dont vous avez su faire preuve pour mener à timbre ce projet ».
- Les lecteurs interviennent... Un jésuite en 1730 - Dolet, héros de roman -
- La Quinzaine Littéraire : Hommage à Etienne Dolet et ...  à Marcel Picquier
 
- La persécution des Vaudois
 
- Louise LABE a-t-elle connu Etienne Dolet ? A-t-elle lu "les Comptes
   Amoureux" ?
 
- 1905 - La loi de Séparation des Eglises et de l'Etat et Etienne DOLET
- Les vaudois, à nouveau
 
- Notre courrier
 

- Extraits de quelques lettres de soutien
 
- Des maires nous écrivent
 
- Etienne Dolet, imprimeur humaniste mort sur le bûcher (1509-1546) - au sujet du livre de Marcel Picquier
 

-Christian Coudène : Dolet victime de la contre réforme
- Pierre Roy - premières réflexions
 

- Place Maubert
- Au Vatican
- L'AUTA - Etienne Dolet et Toulouse
Bulletin n°2 - jan 2003
 

Bulletin n°3 - mai 2003
 
Bulletin n°4 - avr 2004
 

Bulletin n°6 - jan 2005
 

Bulletin n°8 - juin 2005
 

Bulletin n°12 - juin 2008
 
Bulletin n°14 - juin 2009
 
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Bulletin n°28 - avr 2016
 


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