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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83696v
 

INAUGURATION DE LA STATUE D'ETIENNE DOLET
 
19 mai 1889.
 

L'inauguration du monument d'Etienne Dolet, œuvre du sculpteur Guilbert et de l'architecte Blondel, a eu lieu place Maubert, le dimanche 19 mai. La cérémonie était présidée par M. Chautemps.
 
De nombreuses délégations étaient groupées autour du monument, et une foule considérable était venue pour rendre hommage à la mémoire du martyr de la libre pensée.
A deux heures, le voile qui couvrait la statue est enlevé. Un cri de « Vive la République » sort de toutes les poitrines. La musique joue la Marseillaise.
 
Des discours sont prononcés par :
 
- MM. Chautemps, président du Conseil municipal;
- Cusset et Deschamps, conseillers municipaux;
- Bourneville, député de la Seine;
- Rabier, député du Loiret;
- Allemane, au nom des ouvriers typographes
- Keufer, au nom de la Fédération française des travailleurs du livre,
- Schacre, au nom de la Fédération des groupes de la libre pensée.
 





Discours de M. Emile Chautemps,
président du conseil municipal de Paris
 

à ETIENNE DOLET
 


Messieurs,
 
II n'y a pas encore trois siècles et demi, le 3 août 1546 en ce moment réunis les mandataires de la population parisienne, les délégués de groupes ouvriers légalement constitués pour la défense de leurs intérêts corporatifs, les délégués de groupes publiquement organisés pour la propagation de la libre pensée, et ceux de la franc-maçonnerie à quelques pas du lieu où la patrie reconnaissante devait plus tard consacrer un temple à la mémoire de ses grands hommes, et oit Victor Hugo, après avoir répudié toute religion révélée, devait être conduit, comme à une sorte d'apothéose, par un million de citoyens {Applaudissements) non loin de l'endroit où l'on allait élever une statue à Jean-Jacques Rousseau, et plus près encore de celui où Voltaire devait s'asseoir un jour, au milieu d'un frais jardin, sur un piédestal de granit dans ce quartier où les sciences, les lettres et les arts sont aujourd'hui enseignés avec tant de liberté, un homme, un savant, jeune encore et en pleine vigueur, mais affaibli par les tortures auxquelles on l'avait soumis la veille et le matin, était amené en un tombereau, de la prison de la Conciergerie, pour être pendu et brûlé, brûlé avec ses livres.
 
Etait-ce la première fois qu'un bûcher était allumé sur la place Maubert? Non; du 10 novembre 1534 au 5 mai 1535, en six mois, vingt-deux personnes avaient été brûlées à l'endroit où nous sommes pour l'hérésie. Un jour, six hérétiques furent brûlés à la fois, et il semble que ce fut à cette occasion que l'on se servit pour la première fois du « strappado », sorte de bascule à l'une des extrémités de laquelle était suspendu le condamné, et qui permettait de le descendre pour un moment au-dessus des flammes, puis de le remonter, afin de prolonger la durée du supplice et d'accroître la joie des pieux spectateurs. (Très bien!)
 
Vivait-on à une époque particulièrement barbare? C'était en pleine Renaissance, sous le règne de François Ier, que l'on avait dénommé le Père des lettres, et à qui, cependant, la xxx catholique. (Applaudissements prolongés.) François Ier n'était plus le jeune héros de Marignan
le mari de la belle Ferronnière s'était vengé de cruelle façon, et le monarque n'avait plus de pensée que pour les soins physiques qu'exigeait sa triste maladie; il était devenu l'humble esclave de l'Eglise. qui ne lui permettait d'autre société que celle de sa maîtresse et lui représentait la persécution des hérétiques et l'anéantissement de la littérature comme le moyen de racheter les péchés de sa vie. C'est ainsi que les dernières années de son règne furent marquées par d'horribles massacres « Les trois villes vaudoises, écrit Henri Martin, et vingt-deux
villages étaient détruits trois mille personnes massacrées, deux cent cinquante-cinq exécutées, après les massacres, sur un simulacre de jugement; six ou sept cents envoyées ramer sur les galères du baron de la Garde beaucoup d'enfants avaient été vendus comme esclaves! ».
 
Mais le Midi ne fut pas seul à connaître ces horreurs à Meaux, par exemple, quatorze bûchers furent dressés en cercle, et les condamnés furent brûlés vifs. Les gens dévots de Paris eurent aussi les spectacles qu'ils affectionnaient.
 
Ainsi se passaient les choses à l'époque où nous reporte la cérémonie d'aujourd'hui, et voilà ce
qu'était ce bon vieux temps auquel voudraient nous ramener ceux qui se refusent à célébrer avec nous le centenaire de la Révolution française. (Salués d'applaudissements. Bravos prolongés.)
 
Mais Etienne Dolet, qui était-il, quels étaient ses crimes?
 
C'était un érudit, un grand littérateur, qui, arrivé le jour même de son supplice à la fin de sa trente septième année, avait écrit des ouvrages considérables et rempli le monde de sa renommée.
IL n'avait pas dix-sept ans et il n'était point encore parti pour l'Italie, où il devait aller suivre les leçons des maîtres illustres de l'Université de Padoue, laquelle était alors dans tout l'épanouissement de sa gloire, que déjà il avait conçu et arrêté le plan de son
grand ouvrage, les Commentaires sur la langue latine, l'un des livres d'érudition latine les plus importants du seizième siècle. Dès 1534, Dolet, alors âgé de vingt-cinq ans, était prêt à publier les Commentaires; mais il dut attendre d'y être autorisé par un privilège spécial du roi. Le Parlement, il est vrai, avait refusé au roi l'enregistrement de l'édit détendant à toute personne, sous peine de mort, d'imprimer en France n'importe quel livre, et ordonnant, sous peine du même châtiment, la fermeture de toutes les boutiques de libraire; mais François 1" ne s'était point tenu pour battu, et de nouvelles lettres patentes avaient été publiées qui interdisaient de faire paraître aucun livre nouveau, toujours sous peine de mort.
 
Grammairien, traducteur, historien et poète, Dolet avait beaucoup écrit et dans les genres les plus divers et nous ne devons pas oublier, dit son savant biographe, M. Richard Copley Ghristie, « qu'à sa mort il n'avait que trente-sept ans, et que les quatre dernières années de sa vie furent passées presque exclusivement en prison. Quelle aurait été la réputation de Budé, de Calvin, ou même d'Erasme, si leur vie s'était terminée avec leur trente-septième année? » (Applaudissements prolongés.)
 
Et M. Christie reprend plus loin
 
« Les livres que Dolet n'écrivit pas, mais dont il fit seulement le plan, nous intéressent plus encore que ceux qu'il a composés, car ils nous aident à mieux comprendre l'esprit, les aspirations, les visées du cicéronien passionné. L'histoire des opinions, la traduction complète de Platon, la traduction de toute la Bible, l'Orateur François, l'histoire de son temps, les vies des rois de France, composées à la manière de Suétone, tout nous fait admirer l'enthousiasme de Dolet, et rire, tout à la fois, de la suffisance de celui qui s'imaginait être assez compétent pour entreprendre ces travaux, ou qui pouvait croire qu'une vie suffirait pour les mener à
bien. »
 
Et Jean Voulté écrit au cardinal de Lorraine « Que ne peut-on attendre, à l'avenir, d'un homme doué d'un génie aussi excellent, d'une éloquence et d'une application aussi infatigables, et cherchant avec tant d'ardeur à se faire un nom immortel? Et Youlté dit encore que cet homme est « l'ornement du siècle et sera la gloire éternelle de la France ».
 
« Je ne parlerai pas, Messieurs, de l'imprimeur, car Dolet n'était pas seulement l'un des premiers
hommes de lettres de son temps, il tenait encore à Lyon un atelier typographique, duquel sortirent des ouvrages estimés, et cette particularité ne surprendra point ceux qui savent qu'à son origine, l'imprimerie était un art exercé par les hommes de la plus grande science généralement latinistes et même hellénistes distingués. Chez Robert Estienne, par exemple, « le latin était la langue que parlaient généralement dans la maison, non seulement les dix doctes aides, mais le chef, sa femme et ses enfants, et même les domestiques. »
 
Je laisse aux orateurs qui vont me succéder, et qui prendront ici la parole au nom des diverses corporations typographiques, le soin de nous dépeindre ce côté de la vie de notre héros, et do vous dire comment il n'hésita point à encourir les ressentiments de ses confrères, les patrons imprimeurs de Lyon, pour prendre hautement la défense des ouvriers typographes injustement opprimés. (Applaudissements.)
 
Ces ressentiments, qui s'ajoutèrent à la haine des bigots et des fanatiques, ne furent pas l'une des moindres causes des malheurs de Dolet.
 
Dolet fut condamné trois fois à mort.
 
Attaqué la nuit, dans une rue de Lyon, et se trouvant en cas de légitime défense, il avait tué son
agresseur, le peintre Compaing. Ses envieux et les gens d'église voulurent profiter de cet accident pour se débarrasser de lui mais François 1er lui accorda une première fois sa grâce, à laquelle applaudirent tous les gens de lettres, tous les amis de la pensée libre et indépendante. (Très bien – Bravos.)
 
Vers le milieu de l'année 1542, il est poursuivi sous l'inculpation capitale d'hérésie, jeté dans la prison de l'archevêché de Lyon, et traduit devant l'inquisiteur général, qui était alors le dominicain Mathieu Orry, le " Nostre maistre Doribus " de Rabelais homme habile entre tous à arracher aux accusés des aveux et des contradictions qui permissent aux juges de se passer de preuves extérieures toujours en voyage d'un bout de la France à l'autre, partout il allumait des bûchers.
 
Ce discours est déjà bien long. Messieurs, et, cependant, il est d'un enseignement salutaire de rappeler ici que Dolet fut condamné à mort pour avoir employé le mot fatum, « non pas dans le sens qu'un chrétien doit donner à ce mot, mais suivant la signification que lui donnaient les anciens philosophes païens, voulant approuver la prédestination » pour avoir imprimé ou vendu des livres qui avaient été damnés et réprouvés, comme contenant des propositions erronées; enfin, pour avoir mangé de la viande en carême et à d'autres époques d'abstinence.
On l'avait vu, lisons-nous encore dans le livre de M. Christie, se promener pendant les heures du service divin, et on l'avait entendu dire qu'il préférait le sermon a la messe enfin, on l'accusait de mettre en doute dans ses écrits l'immortalité de l'àme. II ne servit de rien à l'accusé d'affirmer que s'il avait mangé de la viande en carême, c'était par ordonnance de son médecin et en raison d'une maladie dont on savait qu'il soutirait; Dolet fut reconnu coupable de pravité hérétique; on déclara qu'il était impie scandaleux, schismatique, hérétique, fauteur et défenseur des hérésies et erreurs pernicieuses, et il fut condamné au bûcher.
 
Le condamné en appela au Parlement, qui montra combien il tenait à ne pas priver les fidèles du spectacle particulièrement attractif que leur donnerait le supplice d'un homme illustre, et François Ier dut s'y prendre à deux fois pour arracher aux juges leur proie; enfin, après quinze mois d'emprisonnement, Dolet était libre, mais ses livres devaient être solennellement brûlés.
 
Peu de mois après, il était de nouveau en prison on avait saisi dans Paris deux énormes paquets contenant des livres prohibés et sur lesquels était écrit en très gros caractères le nom d'Etienne Dolet.
Piège grossier, car il est bien évident que notre imprimeur, qui se savait soupçonné, n'aurait point
ainsi affiché son nom! Dolet s'échappe de prison, passe en Piémont; puis, impatient de revoir sa femme et son Hls, il franchit à nouveau les Alpes pour venir soumettre à la haute bienveillance du roi la situation qui lui a été faite par ses ennemis ; mais il est de nouveau arrête et traduit devant le Parlement, qui le jugera sur trois chefs d'accusation blasphème, sédition et exposition de livres prohibés.
 
Avait-il exposé des livres prohibés? Il démontra le piège que lui avaient tendu ses ennemis au sujet des deux paquets.
 

Avait-il commis le crime de sédition? Non, à moins que l'on ne comprenne sous ce mot son atti-tude sympathique aux ouvriers typographes ? Enfin, avait-il blasphémé? Cléricaux, qui reprochez
à la République son intolérance et ne pouvez lui pardonner d'avoir voulu faire prévaloir dans ses services publics le principe de la neutralité religieuse, qui est celui de toute laïcisation, vous vous sentirez quelque peu embarrassés en nous entendant proclamer bien haut qu'un homme de grande science a pu être livré par l'Église au bourreau sans autre crime que celui d'avoir exactement traduit quatre mots de YAxiochus de Platon. (Très bien! Très bien!)
Vainement, dans vos journaux et dans les brochures que vous répandez depuis quelques mois à profusion, essayerez-vous de donner le change à l'indignation publique, et de nous présenter Etienne Dolet comme un ivrogne, un homme immoral et un assassin personne ne s'y trompera, et l'impatience que vous avez manifestée à l'approche du jour où devait être inauguré ce monument montre combien vous vous sentiez atteints et humiliés par le récit de ces faits.
(Applaudissements prolongés. Bravos répétés.)
 
Mais les paroles sont fugitives, et le Conseil municipal de Paris a voulu qu'un monument impérissable fût élevé sur le lieu même du martyre de Dolet, afin que les générations futures eussent sans cesse présente à la mémoire l'horreur du régime auquel nous avons été arrachés par la Révolution française.
Ce monument, Messieurs, nous en pouvons admirer aujourd'hui la grandeur et la vérité j'adresse à M. Guilbert, statuaire, et à M. Blondel, architecte (Applaudisements), l'hommage reconnaissant de la ville de Paris, car, l'un et l'autre, ils ont su se maintenir à la hauteur de leur propre réputation et s'élever à celle de la protestation sublime qu'ils avaient pour mission de rendre éternelle.
 
La ville de Paris relevant la libre pensée!
 
(Triple salve d'applaudissements. Très bien Très bien !)
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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k744563.r=.langFR
 


ETIENNE DOLET
SA VIE, SES ŒUVRES, SON MARTYRE
 
CONFÉRENCE FAITE LE 18 MAI 1889
A LA MAIRIE DU 5ème ARRONDISSEMENT
A L'OCCASION DE
L'INAUGURATION DE LA STATUE D'ÉTIENNE DOLET
SUR LA PLACE MAUBERT
Par le citoyen BOURNEVILLE
DÉPUTE DE LA SEINE
 



ÉTIENNE DOLET
 
LE MARTYR DE LA RENAISSANCE
 

CITOYENS, CITOYENNES,
 
La Société dela Libre-Pensée du V° arrondissement, qui a pris pour sous-titre « Groupe Etienne-Dolet », a considéré comme un devoir de contribuer pour sa part à l'hommage qui doit être rendu à la mémoire de cette victime de la religion catholique, en faisant appel à toutes les sociétés de la Libre-Pensée de Paris et de la province, on organisant une fête et une réception. Elle a pensé aussi que, comme prologue à la cérémonie officielle qui doit avoir lieu demain, — l'Inauguration de la statue d'Etienne Dolet, il convenait de rappeler dans une conférence publique, sinon l'histoire détaillée d'Etienne Dlet, au moins les traits principaux de sa vie; d'exposer les motifs qui lui ont valu et la torture et le supplice du bûcher, et qui, aujourd'hui, à très juste titre, valent à sa mémoire les honneurs qui vont lui être rendus. Nos amis de la Société de la Libre-Pensée du V° arrondissement ont bien voulu me désigner pour cette tâche, je les en remercie et je vais m'efforcer de mériter la confiance qu'ils m'ont témoignée.
 

Les événements dont je vais vous entretenir, la vie dont je vais vous raconter les principaux épisodes, se sont passés durant le second quart du xvi° siècle : 1521-1546. Un mot du milieu.
Le « Roy ». c'est François ler, surnommé le Restaurateur des Lettres, né en 1498, roi en 1515, mort en 1547.
L'époque , c'est celle qui a reçu dans l'histoire le nom de Renaissance; c'est celle du mouvement contre le catholicisme, les abus et les crimes commis par le clergé et les moines, la Réforme.
Les Hommes, ce sont Luther, Rabelais, nés tous deux en 1483, Calvin (1509-1564), Erasme, Longueil, Bembo, Budé, prévôt des marchands (1467 - 1540): Le créteur du collège des Trois-Langues ou du Collège de Frane (vers 1530)(1), Bérauld, Clément Marot .;
(195-1544), et tant d'autres c'est notre Estienne Dolet.
« Pour les hommes de la Renaissance, dit M. Richard Copley Christie, l'un des plus savants biographes d'Etienne Bolet, la religion, le christianisme, l'Eglise catholique représentait... tout ce qui était odieux, tout ce qui était contraire à la liberté de pensée, à la liberté d'action, tout ce qui, au point de vue religieux, était brutal et cruel. Et aupoint de inc mondain, tout ce qui était vil et immoral (2).
 
ETIENNE DOLET naquit la même année que Calvin, en 1509, à Orléans, probablement le 3 août.
On ne sait rien de précis sur sa famille. Attaqué plus tard au sujet de ses ascendants, il se défendit contre ses envieux de ma¬nière à prouver qu'il était issu d'une famille honnête. D'ailleurs il considérait comme plus glorieux « de se donner un nom par¬ses talents que de le devoir à la renommée de ses pères (3) ».
 

1.La Sorbonne protesta contre cette création, parce qu'on y enseignait le grec et l'hébreu, que le grec est la langue des hérésies et que l'hébreu mène à judaïser.
2.Etienne Dolet, le martyr de la Renaissance, sa vie et sa mort, par Richard Copley Christie; ouvrage traduit de l'anglais sous la direction do l'auteur par C. Stryiensty, professeur agrégé de l'Université, Paris, Fischbacher, 1886.
3. Amelot de Houssaye a avancé que Dolet était fils naturel de François ler et d'une Orléanaise nommée Cureau; ce fait est inadmissible, car François 1er, né en 1494, aurait été vraiment trop précoce.
 



Suite vers le lien :  
 
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k744563.r=bourneville+dolet.langFR
 

Étienne Dolet : sa vie, ses oeuvres, son martyre : conférence faite, le 18 mai 1889, à la mairie du Ve arrondissement, à l'occasion de l'inauguration de la statue d'Étienne Dolet sur la place Maubert / par le citoyen Bourneville,... -au siège de la Libre-Pensée du Ve arrondissement (Paris)-1889 Informations détaillées  
Livre en mode image et en mode texte, recherche plein texte disponible
Sujet:Dolet, Étienne (1509?-1546) -- Biographies Auteur :Bourneville, Désiré Magloire (1840-1909)
 




 
 
 
 
- Conférence de Monsieur Bourneville, le 18 mai 1889, à l'occasion de l'inauguration de la Statue d'Etinne DOLET
 

- Discours de Monsieur Emile Chautemps, Président du Conseil municipal de Paris
Société de la LP du Vème arrondissement (groupe Etienne Dolet)
 
Discours recueilli par Monsieur X. PAOLETTI
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n° 8 - 20 juin 2005
 


Les Rues Etienne Dolet  - rubrique régulière
 
DIJON : Notre ami Marcel Michoulier nous a annoncé que ses démarches  patientes  pour que la  ville de Dijon restitue à Etienne Dolet la rue qui lui avait été enlevée en 1926 ont abouti. Le journal «  Le Bien Public » du 28 mai dernier rend compte de cette décision de la municipalité. Etienne Dolet aura sa rue dans un nouveau quartier de grandes surfaces, en bonne compagnie,  puisqu’un giratoire voisin portera le nom d’  Auguste Morin-Gacon, le premier maire socialiste de la ville, élu en  1896.
 
SAINT-FONS : par une délibération du 14 juin 1904, la municipalité décidait 12 changements de noms de rues . 10 d’entre elles rues recevaient les noms de Pierre Dupont, Victor Hugo, Pasteur, Paul Bert, Etienne Dolet, Emile Zola, Raspail, Jean Macé, Ernest Blanc, Louis Renan.
OULLINS : Le conseil municipal décidait le 13 novembre 1903 d’attribuer les noms de Jean-Jacques Rousseau et d’Etienne Dolet aux deux rues latérales à l’Hôtel de Ville, à l’Est et à l’Ouest., avec ce jugement :
 
«  Considérant que […] il y a lieu de perpétuer aux yeux des générations futures la mémoire des citoyens qui se sont imposés à la reconnaissance publique  par leurs travaux de défense des idées de justice et de progrès social ».
Un peu plus tard ( récépissé du Préfet en date du 27 novembre 1906) , était adoptée la motion suivante :
«  Le Conseil municipal d’Oullins, devant la rébellion de l’Eglise contre la séparation et contre toutes les idées de justice et de progrès, voulant s’associer , en leur donnant un appui moral et financier, aux œuvres qui tendent à perpétuer le souvenir  des principales victimes de ladite Eglise, vote une somme de dix francs en faveur de chacun des monuments de Michel Servet à Vienne et Etienne Dolet à Lyon. »
 
 














Commentaire
 
On vérifie combien Etienne Dolet était devenu  une « figure » de la  3ème République ;  le choix de son nom par des municipalités ouvrières avait valeur politique et pédagogique. Un Mémoire universitaire de Lyon 2 de juin 1994 d’Isabelle Lechat sur « Les noms de rues à Oullins, Pierre-Bénite et Saint-Fons »  est explicite sur les intentions des municipalités: « Erigés en symboles de la Raison, les humanistes de la Renaissance ( de préférence gravement persécutés) sont les seuls héros non contemporains, avec quelques penseurs des Lumières ( Rousseau, Voltaire, Diderot) , à faire partie du champ héroïque de la République . On notera qu’il ne s’agit nullement d’une commémoration … mais d’un simple choix politique . Ce n’est pas l’occasion ( anniversaire quelconque) qui justifie l’hommage, mais la lutte politique » ( p.30) . Un édile lyonnais déclarait dans son rapport au Conseil municipal , justifiant déjà, en 1879, le changement des plaques de la rue Dolet, à Lyon, réalisé  l’an dernier, qu’il ne suffit pas d’ « une appellation sèche » au coin d’une rue : « Nous voudrions voir dans chacune de nos rues une inscription explicative du nom qu’elle porte ».  M. Béghain, dans son allocution n’a pas dit autre chose ( p. 2)
Cette pédagogie «  républicaine »  n’était pas du goût de tout le monde. L’historien lyonnais catholique A.Steyert ( que les lecteurs de notre ouvrage sur Dolet connaissent déjà – cf p. 110-111),«  un anti-démocrate convaincu et virulent », d’après la  p. 38 du Mémoire cité, critiqua sévèrement ces décisions municipales :   « Il faut répudier absolument ce système qui ne profite qu’à des médiocrités et ne favorise nullement la réputation des hommes d’un mérité réel ». Il est vrai qu’il regrettait vivement que la « rue Dolet » ait remplacé la «  rue des Moines ».
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n° 6 - jan 2005
 


94  rues et places Etienne DOLET
 

Une Amie du Val de Marne (91) , Martine BOUSSEL , nous fait parvenir la liste des 9 communes dudépartement qui possèdent une rue Dolet.
Deux autres Amis ont fait des recherches plus étendues : Marcel MICHOULIER de Dijon et Jean-Claude DOLET se sont attaqués à une enquête nationale et ont dressé une première  liste de 94 communes qui ont également une rue ou une place  Dolet, dans 33 départements : on ne sera pas étonné de constater qu’il s’agit le plus souvent de communes ouvrières de vieille tradition républicaine. S’il y a 9 rues Dolet dans le 91, on en compte 10 dans le 94,  et dans le 93 ; on en compte 7 dans le 59,  dans le 69 ou  le 08….Marcel MICHOULIER  conclut : «  J’avais espéré que ces recherches m’auraient permis d’atteindre au moins 100… mais on peut sans crainte avancer que des rues Dolet existent parmi les villes non pressenties. » Sans aucun doute.
Notre Ami de Dijon dont les démarches n’ont pas  encore abouti pour obtenir que la ville redonne à Dolet une rue ou une place , depuis que son nom  a été ôté de  la place de la cathédrale ( cf bulletin n° 4) , sera certainement ravi  d’apprendre – argument supplémentaire -  que  la place devant la cathédrale de Bourges, s’appelle toujours Etienne Dolet ?
 
Quel est l’intérêt de ces recherches ?
 
La plupart du temps, les gens ne savent plus qui était Dolet ni que son nom est associé aux combats laïques et républicains. . Les Amis d’Etienne Dolet, surtout s’ils sont libres penseurs,  peuvent  prendre des contacts utiles dans ces communes. Il est très simple de retrouver dans  les archives municipales la délibération qui a fait choisir le nom de l’humaniste et de proposer une rencontre et même une petite conférence, par exemple, aux membres de l’ Amicale Laïque locale . C’est ce qui a été fait avec succès à Tarare dans le Rhône , une expérience que nous allons élargir aux autres communes concernées : du département Oullins, Saint-Fons, Saint Genis-Laval et Tassin la Demi-Lune. 
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°4 - avr 2004
 

Histoire tourmentée de la place Etienne Dolet de Dijon
 


  Un correspondant Dijonnais a fait parvenir à un ami de notre association rencontré sur Internet un dossier historique. En 1904, le maire socialiste et libre penseur de Dijon, Barabant, fait voter par le conseil municipal la laïcisation de plusieurs rues de la ville pour effacer   nos souvenirs des temps pénibles d'obscurantisme et d'oppression cléricale "  les républicains le faisaient dans tout le pays : la place Saint Bernard devient la place Etienne Dolet. Saint Bernard a certes été un grand personnage du XIIème s. : il fut le fondateur de l'abbaye de Clairvaux, le protecteur de l'ordre des Templiers, le défenseur des drois cléricaux contre le roi Louis le Gros, la plus grande autorité dans les conseils de la cour pontificale, le procureur dans la condamnation d' Abélard et enfin l'ardent apôtre de la deuxième Croisade ( 1146). Mort en 1153, il fut canonisé dès 1178.
 
Le 26 juillet 1927, la municipalité de Dijon à majorité de droite mit fin au scandale. Le nom de: Dolet fut retiré au profit de Saint Bernard et ne reparut nulle part. Le malheureux humaniste a même une fois de plus été traité d' "assassin" dans une lettre de lecteur rappelant ce souvenir de 1904, adressée à un journal local ("Le Bien public " 28  02 0 1) !
 
Nous transmettons ce dossier à nos amis de Dijon à toutes fins utiles.
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La Doloire  Bulletin de l'Association Laïque Lyonnaise des Amis d'Etienne Dolet - n°13 - oct 2008
 

UNE PHOTO AU CONTENU SULFUREUX
 

Où a été prise cette photo d'une place Etienne Dolet
envoyée par une amie de Villeurbanne ?
 
Nous ne sommes pas dans un petit village orné d'une antique fontaine au coin de sa place communale.
 
La place Dolet de la photo est celle de la splendide cathédrale, dédiée au saint dont Dolet portait le nom, d'une ville de bonne taille, chef-lieu d'un département.
L'encyclopédie de la ville due à Roland Narboux commente :
 
« C'est une vaste esplanade située au plus haut de la ville sur l'oppidum gaulois ...Etienne Dolet, natif d'Orléans, était un de ces grands humanistes du XVIème s ...avant gardiste au plan des idées , il sera condamné comme libre penseur et brûlé... C'est un symbole particulièrement sulfureux en un tel lieu ».
 
Ou plutôt l'héritage d'une municipalité laïque d'il y a un siècle !
DANS L'ESPACE PUBLIC
ETIENNE DOLET
(1509 - 1546)
- Histoire tourmentée de la place Etienne Dolet de Dijon
 
- 94 rues et places Dolet
 
- Rues, Places... Etienne DOLET
 
- Une photo au contenu "sulfureux"
Bulletin n°4 - avr 2004
 
Bulletin n°6 - jan 2005
 
Bulletin n°8 - juin 2005
 
Bulletin n°13 - oct 2008
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