A Etienne Dolet, martyr, la typographie reconnaissante, discours de Pierre Roux

lundi 10 janvier 2005.
 

A Etienne Dolet, martyr, la typographie reconnaissante, discours de Pierre Roux

1851 « A Etienne Dolet, martyr, la typographie reconnaissante ! »

Nous devons les documents « 1851 » ci-dessous et « 1853 », page 6 , à notre Ami Laurent GONON de Givors qui, après avoir été imprimeur lui-même à Lyon pendant trente ans, se passionne toujours pour sa corporation. Les documents découverts par Laurent Gonon témoignent de la dévotion que les typographes du siècle passé portaient à Dolet dont ils savaient qu’il avait encouru la haine des Patrons-imprimeurs pour avoir soutenu la grève lyonnaise des compagnons dans les années 1540.

Tirés du compte-rendu du « banquet commémoratif du tarif du 21 septembre 1851 » , nous publions un sonnet au style naïf mais au ton sincère dû au citoyen Victor Barbier et la conclusion du discours du socialiste Pierre Leroux :

« Aux martyrs de la typographie »

Au sein de nos banquets, au milieu de ces fêtes, Où nos cœurs réunis ne font plus qu’un seul cœur, Souvenons-nous de ceux qu’ont frappés les tempêtes, Et gardons parmi nous une place au malheur.

Songeons que du progrès les plus nobles conquêtes Ne peuvent s’obtenir qu’à force de labeur Et que tous ces beaux noms qui brillent sur nos têtes Cachent des souvenirs de lutte et de bonheur.

Notre art eut des martyrs pour ses premiers apôtres : Gutemberg ruiné, les Estienne proscrits, Dolet sur un bûcher expiant ses écrits.

Et de nos jours, Moreau, puis Boyer, et tant d’autres Ne sont-ils pas aussi des martyrs du progrès ? Ils ont soufferts pour nous, ne l’oublions jamais.

Conclusion du discours prononcé par Pierre Leroux

« Quand dans ma jeunesse, j’embrassai notre noble profession, je pensai souvent à Dolet ; à cet homme constant dans ses opinions, à ce vrai disciple de Gutenberg, comme disait tout à l’heure un de vos orateurs qui ne voulut donner ce nom qu’à ceux qui tournent cet art sublime à son but, l’émancipation intellectuelle, morale et physique du genre humain. Permettez-moi donc un vœu qu’il est en votre puissance de réaliser quelque jour. Que cette place où Dolet fut juridiquement assassiné, pour servir apparemment d’exemple à la vile multitude, soit, par nous, la vile multitude, purifiée de ce meurtre ( applaudissements prolongés). Que cette place perde son nom et s’appelle du nom de la victime auguste que le Moyen Age immola vainement , puisque l’esprit qui anima Dolet survit en nous. Qu’une statue s’élève à l’honneur d’un des plus illustres savants du seizième siècle, et qu’on lise sur le socle de cette statue :

A Etienne Dolet, martyr, la typographie reconnaissant !. ».


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